J'avais prévu une entrée fracassante.
Je me suis prise le pied dans un tapis de chagrin.
Reprise cassante.
J'ai distillé par ici des morceaux de mon amitié galopante pour une prunelle.
Lulu Amazone.
Elle voulait courir.
Elle courait !
Qu'on lui enlève un sein ?
Elle chausse ses Brooks.
Qu'on la bombarde de chimie ?
Elle lace ses Salomon.
Une foret de rayons ?
Frontale, bâtons. Nuit au bout d'un trail. Coûte que coûte.
Honte à vous qui vous arrêtez en chemin !Lulu, elle, passe !
Je lui ai crié je t'aime ma Prunelle, au 35 ème du Marathon de Paris.
Et on a ri.
Il lui fallait déjà une bonne dose de morphine pour se mouvoir jusqu'au bord de la ligne bleue.
Je l'ai serrée une dernière fois.
Et puis après j'ai couru " Les marais". 15 km. 4' 37 au kilo. Mâchoires soudées.
Elle devenait étoile 4 jours après.
J'ai démarré la saison sur un tapis roulant de chagrin.
Et puis j'ai serré le poing. Relevé la tête, regardé droit.
Devant il y a un parterre de fleurs au marathon de Lyon.
Une nuit étoilée à la SaintéLyon.
Des litanies de respirations bien vivantes.
Et puis des chemins. D'autres. Parce que j'ai dit à Lulu
Que je l'y emmènerai.