Je me secoue un brin. Dites 33.
33. Bien. Va pour 33.
Mon mieux de mieux c'est 27 sur du plat. Avec les cuisses en feu.
Demain je pars pour un trail urbain. Urbain, ça veut dire civilisé.
Trail ça cache quelque chose…C'est urbain on verra ben.
Dans les rangs ça roule les mécaniques. Bien huilées.
Accoudé à la buvette, le pec moulé dans le maillot pro racé trail run et tutti quanti, la chaussette speedy Energy galbant le mollet, le traileur cause course et pour cause , il les fait toutes.
"Remis des Citadelle?" "M'en cause pas, j'ai encore la tête là haut " " un peu mon n'veu, sympa cette mise en jambe dominicale. Un chouette petit trail reposant avant la Barjo !"
J'vais m'alléger aux toilettes sèches va. Je visite deux fois. Le mec responsable de la cabine à engrais naturel me propose de la doc. Ben mon copeau. Pardon mon poteau, c'est pas que je veuille pas mais j'ai un trail à prendre !
Ça part comme des balles ! J'me sens comme une boule de flipper…Qui coule.
Je m'enferme dans ma bulle. Je sais dès la première minute que ça va être dur. Je fais mes 5 premiers kilomètres en 21 minutes ! Du grand n'importe quoi ! Et pendant ce temps là, ça double allègrement !
"Le B-A ba de la course c'est de maîtriser le départ" qu'il a dit le chef.
Voila voila. Bien maîtrisé. J'arrive au pied d'une énorme montagne. Si. En plein Toulouse. Pech David ça s'appelle. 250 D+
J'me souviens plus très bien après. Ça monte dans la boue, ça redescend dans la boue ça remonte dans l'herbe ça redescend dans la boue et je ne pense qu'à une chose.
Le ravito.
Le ravito me ravit mais pas tôt. Il est au 17. La bonne nouvelle c'est que j'ai fait la moitié.
Vous n'avez pas l'option transat des fois ?
A partir de maintenant, je vais courir seule. Sur la rocade. Pardon, le canal, ça me double. Je regarde si jamais. Je vais voir un dossard. Ça voudrait dire que je ne suis pas dernière.
Même pas en rêve. C'est la pépé avec sa queue de cheval qui chaloupe aussi bien que son derrière qu'elle a fort joli galbé dans son shorty. Celle qui transpire même pas avec son cellulaire dans la main comme un Vanessa Bruno. Et que je te cause à l'oreillette à la copine. Et que je double.
Aucun respect pour le vétéran. C'est moche moche.
Un prince très très charmant du haut de sa monture cadre carbone et double pignons s'arrête à mon niveau pour me prodiguer quelques encouragements. Je l'entends rendre compte plus loin à son copain "c'est une traileuse. 33. Respect".
Faut me parler gentil à moi. Ça repart comme en 33 !
Guilleri jusqu'au grand rond où deux cons sur un banc me piquent d'une blague de cons.
"Eh, la coureuse, tu veux une gourde ?" "pas la peine, c'en est uneeeeu !" C'était en option les encouragements ?
Coude à gauche, coude à droite, métro, monte et descend, trottoir, voiture, passant, trottoir, passant , coude à droite, pâtisseries, trottoir, pâtisseries ?! Un peu et je m'entartais le dessert du bourgeois !
Une tête connue au détour du pavé me lance un "Bravo Sophie". Je me le tourne en boucle jusqu'au Capitole. Petit bonheur bonjour !
Ravito deuxième du nom. Je décide de prendre le temps. Il me reste 9 kilomètres. Je les fais en mode automatique. J'ai l'impression de traîner mes jambes sur un tapis de course. Du sur place. C'est pas faute d'essayer !
Je grenouille dans Compans Caffarelli. Me suis-trompée ? Personne. He ho du bateau ?!
Contre toute attente je rejoins deux gars. Je te pousse, tu me pousses, on avance. Trois manchots qui gardent le cap.
Canal, Garonne. Je cours maintenant à 6 minutes 40 du kilomètre. Bientôt 7. La Bérézina.
Flonflon - Tiens, c'est encore ouvert, sont sympas de m'attendre !-
J'accélère un chouille. Le souffle se fait râle. Le cardio se met dans le rouge. 185.
32,6 kilomètres.
Ligne d'arrivée.
Menton qui tremble façon jelly. Je m'appuie peu importe où. Je baisse la tête.
Chez les traileurs, ma fille, on ne pleure pas.
3 heures 37.
153 ème sur 157.
Je l'ai fait.
Fermez le ban !
Y'a des fois je suis pas trop fière tout de même…
J'y compte.
9 kilomètres encore… Je ne réponds plus de rien ;)
Credit photos Céline Dumas - Bibiiie - Pour le Trail Urbain Toulousain
(J'avais mis un commentaire mais je ne le vois plus, alors je recommence en éspérant de pas faire de doublon...)
RépondreSupprimerSympa les blagues de c... Ca me rappelle quand je faisais du vélo dans ma montagne à moi, appostrophée par des mecs en voiture avec bobonne avachie à côté d'eux...
Bravo pour l'exploit en tout cas!
Oui, c'est bête mais dans les moments de doute ça enfonce encore un petit coup la tête sous l'eau. Prend ça. A l'inverse, l'encouragement est salvateur ! Merci Dominique pour votre passage !
SupprimerBravo, terminer c'est la plus belle des victoires!!!
RépondreSupprimerAnne-C bou
C'est vrai ! Beaucoup de positif sur cette course finalement. Mais j'ai eu besoin de la digérer ! Merci Anne-C !
SupprimerAh ben tu me rappeleras de ne jamais faire une course en France (des fois que...), quelle bande de nuls ces passants.... QUel pauvre esprit! Ici tu ne verrais JAMAIS ça, au contraire ce qui est chouette c'est que tu as toujours PLEIN d’encouragements tout du long des courses, et surtout quand tu as du mal... En tout cas CHAPEAU, tu l'as fait, tu peux être FIERE de toi, en tout cas, moi je suis super fière de toi! BRAVO!
RépondreSupprimer(et tu étais pas partie un peu trop vite? 21 min.... waouh!)
génial le CR... :)
RépondreSupprimeret bravo pour le trail urbain.. you did it... tu as vu ce que c'est que d'être dedans... oh que c'est dur... mais tu as fini..
carton rouge pour ces abrutis qui mourront de cirrhose sans aucun doute... pfff... lamentables leurs commentaires..
Finalement, si j'étais attentive aux commentaires des badauds, c'était que j'étais encore lucide ;) Une bonne chose ! Chic, je peux faire encore plus dans le rouge ! :) Merci Wall, pour ici et pour IG !
SupprimerMoi j'dis respect !!
RépondreSupprimer5 km en 20min tu déchires !!
Bon OK, c'est sans doute un poil rapide, mais moi, même sur une piste, je fais pas ça !!
Tu es mon maître....en couture, en patronnage, en course.....
Tu sais que tu en deviendrais presque agaçante lol lol lol lol
juste bravo...tu es admirable
RépondreSupprimerOn parlait de toi avec Cath ce matin (Dame Crapouille), et elle oublie un truc : tes récits sont délicieux!!!!! J'peux avoir un autographe? ����
RépondreSupprimerC'est sûr, tu es partie trop vite, mais c'est bon, c'est fait, ça tu ne le referas pas/. Je suis vraiment très admirative, 33 km et même pas sur du plat...punaise! Bravo bravo, tu es allée jusqu'au bout et ça déjà c'est énorme...
RépondreSupprimerJe te le dis: le marathon, ça va passer tout seul!