Parce que mes pieds sont têtus.

mercredi 24 septembre 2014

Semi de Toulouse - pleine satisfaction !-

6 semaines de préparation. Je n'y coupe pas. Le semi.
Avant de forcer le rythme de la prépa, se mesurer à un chrono officiel est un indispensable.
Paris mars 2012 : 2 heures 17'
Toulouse septembre 2013 : 2 heures 07'
Je ne suis plus une coureuse du dimanche.
4 entrainements par semaine. Plaisir pur jus. J'aime.
Dimanche, semi. Je vais en découdre !
J'ai un plan de course. Entre dévoiler son envie de chronomètre et ne rien dire, mon coeur balance.
Question classique en début de course : 
" Tu fais un chrono ?"
…"Faire un chrono"… Se fixer un temps et s'y tenir ! 
La plupart des coureurs louvoient. 
"Pas très en forme aujourd'hui" "j'ai pas les bonnes godasses, le terrain est mauvais" "t'as vu le monde ! Ça va serrer sur la ligne !" "On crève de chaud ! Z'ont intérêt à avoir prévu au ravito…" 
Retour de course, si le chrono est en berne, la raison est donc toute trouvée : Au choix et en fonction du degré de mauvaise foi "trop chaud, trop de monde, mauvais tracé, aucune relance, pas roulant…"
"Ton chrono Sophie pour dimanche ?"
"Voualavoualavoualaaaaa….Oh tu sais mouâ….prépa tranquille, je force pas, fô pas que j' me grille, toussatoussa, aucune ambiance en plus, moi je fonctionne à l'applaudimètre …."
Dimanche matin, 5 km à vélo histoire de chauffer.
Arrivée sur zone. Le 10 km - sélection aux championnats de France de 10, du joli niveau - s'élance.
4 lignes droites d'accélération pour lancer le cardio.
Départ du semi.
J'ai la course dans la tête. Je veux décrocher ce semi en 1heure 55' grand max.
Il fait chaud mais rien d'insurmontable. 
Je laisse doubler. Sans ma montre GPS ( Une Garmin Forunner 220 que j'ai achetée trop tardivement et qui n'arrivera que le lendemain ) je cours au nez.
Je me force à garder un rythme de course relativement bas et j'accepte humblement de me laisser doubler par paquets.
Rendez-vous au 15 ème les gens….
Kilomètre 6, le moteur ronronne. J'accélère imperceptiblement. Arrivée aux 10 en 56 minutes. Parfait.
Une connaissance m'encourage 
- Il aura fait son 10 km en 34 ' !! -
C'est le moment de pousser les gaz.
Au feeling je passe à 5' 20" au kilomètre. Je remonte. Les pas de la masse se font lourds. Ce martèlement que j'aime tant. En début de course alerte et rythmé. Prolongez la course, tendez l'oreille. Le tam tam des semelles se fait dodécaphonique. Chaque son à son propre rythme, détaché de cette harmonie  linéaire propre au peloton sagement groupé sur la même partition de départ.
Le coureur se referme sur sa stratégie, ou sur sa douleur.
J'augmente le rythme. Je suis parfaitement à l'aise. En passant le ravitaillement du 16 ème kilomètre, je sais que je finirai ma course sans souffrir.
Dans mon enthousiasme, petit grain de sable dans le rouage, je fais tomber le petit bidon d'eau salée que j'emporte toujours à la ceinture. L'épisode me pique d'orgueil. Vexée d'avoir perdu quelques 30 précieuses secondes, je me jure de ne plus décrocher sur les 4 kilomètres restants.
Et je grimpe. Je grimpe et je double. A ma montre, je suppose que le chrono tant convoité est à portée de foulée. Stade Toulousain en vue. Allonger encore. Aucune douleur. Pas d'essoufflement. Cette fin de course est idyllique . Tour de stade. Le chronomètre officiel me nargue d'un 1h 48…Restent 300 mètres….Sprint, les yeux fixés sur la ligne. Une minute suspendue à ma foulée…
Un an après un premier semi à Toulouse, je passe cette ligne. 
1h49'26"
"J'ai fait un chrono". J'ai géré mon chrono. Et je suis vraiment. Vraiment. Heureuse ! 
…Ah, oui, retour à vélo. Une fringale mon vieux ! J'aurais bouffé du lion pour un peu….














Photo Running Mag ( Pierre Garaudet )

lundi 15 septembre 2014

Le long du canal.

Bonheur du petit jour.
Dimanche matin, le réveil ne m'est d'aucun intérêt. 
La tête s'éveille toute seule. Premier regard vers la fenêtre.
Il fera beau ce matin sur le canal.
Je me glisse hors de la chambre. Les affaires m'attendent depuis la veille.
Léger déjeuner, nouvelles du matin. Lacets vérifiés. J'apporte avec moi une playliste de musiques variées qui rythmeront les foulées aussi bien que les vagabondages de l'esprit.
Que j'aime ces sorties longues !
Elles n'appartiennent qu'à moi.
Vous ne la voyez pas cette bulle aérienne. Elle m'enrobe corps et âme.
J'y range à loisir le chapelet des gens que j'aime, les pensées éphémères, des idées moins légères.
Je passe sans aucune honte du dernier dessin de ma fille à la maladie de cette amie. 
Du dessert d'hier soir au rendu de ma prochaine robe.
De la couleur de mon prochain vernis à l'exploit sportif d'un proche.
La sortie longue du dimanche est une ronde virevoltante.
J'ouvre grand les yeux, et le coeur aussi.
Le monde passe, comme en apesanteur. Coureurs du dimanche, runners confirmés, familles à bicyclettes, cyclistes chevronnés.
Les avirons glissent . Gerris légers ils marquent la cadence. Il n'est pas rare que l'on fasse route ensemble. Moi sur la rive. Eux sur l'eau. Silencieux chacun à notre effort et pourtant si consciemment liés en ce dimanche de paix.
Elles sont jolies ces petites jeunes. Sweat à la mode, un peu trop chaud pour la saison, queue de cheval chaloupée et portable au poing. Elles jacassent de l'air du temps en trottinant doucement pour faire fondre le dernier Mojito.
Celui ci va bien trop vite. Il n'aime pas être doublé. Je le rattraperai bientôt. 
Elle a du mérite la petite dame. Voûtée sur sa petite foulée. C'est beau de s'accrocher.
Les hommes arborent fièrement le t-shirt de leur dernier marathon. Les demoiselles en débardeur profitent de l'été Indien. Le fil des écouteurs glissé entre des seins que l'on ne saurait voir.
A l'approche du marathon, les profils se définissent.
Je pourrais parier sur les objectifs des uns et des autres.
Le coureur du dimanche passe. Le futur marathonien salue. Un hochement de tête, un signe de la main. Un sourire. On se reconnaît. Il y a des choses qui se partagent et qui ne se disent pas.
Vous êtes tous mes frères. Coureurs du canal.
Votre horizon se compose des couleurs du midi. Les grands platanes tamisent les ardents rayons d'un soleil que l'on espère un peu moins chaud bientôt.
Les chaussures encore un peu neuves martèlent une piste que l'on connaît par coeur.
En deux heures, un aller et un retour, je vais jusqu'à la jolie écluse de Castanet. Il faudra un jour que je m'y arrête. Le goût du diabolo menthe, sur la terrasse, doit y être divin.
Je pousse au prochain pont. 6 km de plus. 2 heures 30. Une jolie sortie.
En remontant vers le nord, le canal prend une teinte plus sombre. Je ne pense pas au retour. Les jambes sont autonomes. Au delà de 15 km, la tête est définitivement ailleurs .
Il suffirait d'un rien, d'ailleurs, pour qu'elles décident, 
contre toute raison, de faire volte face 
pour filer vers la mer.