Parce que mes pieds sont têtus.

dimanche 4 septembre 2016

La nouille et le boeuf

Une nouille vit un boeuf.
D'abord, comme à son habitude, elle sort de sa chaumière, s'étire et s'assouplit.
Sur l'appui de la fenêtre, l'offrande : La courge est grosse ce matin.
C'est un régulier. Le paysan voisin. Tout à l'heure il lui donnera une salade montée.
C'est un pote âgé. asocial. Et pas si vil. Elle fera une soupe tiens.
Elle part par le chemin tordu. A petits pas de pas pressée.
Les noisetiers biscornus en haies plessées délimitent les pâturages. Entre deux arbres le bestiau mastoc mastique, dolent.
Le taureau du voisin paysan. Sa prunelle, valseuses en galerne.
L'animal lui semble de belle taille,
elle qui n'était pas franchement épaisse.
Il est là, qui paît et qui montre ses fesses.
Curieuse, se gausse et s'étonne
comparant l'animal à un athlétique mâle
courtaud molosse à l'ignorance abismale.
Se pointe le maître "Ah mais salut championne !"
se gaussant, jabot turgescent, deux pouces à la ceinture, s'enfle et se flatte
"Ne t'en approche point, chétive pécore, c'est qu'il y a, dans ces baloches, un entier cheptel, tu t'approches, il t'embroche !"
"C'est que je m'étonne" réplique la polissonne "une si vigoureuse carcasse sur de si frêles cannes !
Le paysan se renfrogne, toise la bêcheuse et cède tout à trac en une bouillie boudeuse
"il est vrai, à trop se reproduire, sa fin est bien fâcheuse
C'est qu'enfin à trop monter, les postérieurs le lâchent"
Et la poussant du coude rajoute d'un air potache
"c'est t'y pas sot tout d'même de clamser pour des vaches !"
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus justes
chacun veut vivre comme les grands seigneurs
petit ou grand manant a ses ambassadeurs
exécutant sans égard des créatures robustes.

Cette bête histoire de couilles mérite la bafouille
Elle n'est pas bien sagace
mais enfin je m'agace, et je me dis comme ça, qu'on voudrait bien parfois
casser trois pattes
A un connard.

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